Fiche pratique
Evaluer la motivation d'un groupe, d'un centre...
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1.
Terminologie : distinguer motivation pour la
qualité et motivation pour la démarche qualité :
Il faut d'abord clarifier la
terminologie et distinguer motivation pour la qualité et motivation pour
la démarche qualité : La motivation pour la qualité, c’est la motivation
pour le travail, la motivation pour la démarche qualité, c’est la
motivation pour participer à la démarche qualité. Le diagnostic et les
remèdes ne sont pas les mêmes dans les deux cas.
Il peut y avoir deux situations
opposées :
- Les personnels sont très motivés pour le travail
(ils travaillent avec plaisir), mais la démarche qualité ne leur plait
pas. C’est une situation courante actuellement. On peut la caractériser
ainsi :
- L’essentiel est acquis, c’est-à-dire la
motivation pour le travail
- C’est la démarche qualité qui est inadéquate et
il faut en changer les méthodes.
La
confusion est rencontrée couramment chez ceux qui se plaignent d’un manque
de motivation pour la qualité parce que la démarche qualité est mal
soutenue, alors qu’en réalité le centre fonctionne bien.
- La seconde situation type est inverse : les
personnels sont assidus à la démarche qualité, alors que le client est
mal servi, l’esprit d’équipe mauvais, le management difficile… Ceci peut
se retrouver par exemple dans les entreprises dont la Direction est très
engagée dans la démarche qualité (par opposition à la situation
précédente) et dans lesquelles la participation à la démarche qualité
devient un critère de réussite dans l’entreprise. Le temps qui y est
consacré l’est alors au détriment de la qualité réelle sur le terrain.
Ceci se
rencontre souvent pendant les démarches de certification. C’est bien
entendu à éviter. Pour cela, un subtile équilibre est à
trouver. Une solution est de faire porter la démarche qualité
essentiellement sur l’amélioration des non-qualités.
Les situations réelles se situent
généralement entre les deux extrêmes précédents.
2.
L’évaluation de la motivation pour la
qualité :
2.1
Les résultats :
La motivation du personnel pour la
qualité est d'abord mesurable aux résultats du groupe, dans les
quatre dimensions :
- Les services aux clients, les taux de réussite, le
renom du groupe…
- Le bon fonctionnement interne, l’absence de
conflits, la stabilité du personnel, l'esprit d'équipe…
- La rentabilité de l’activité, l’absence de « gachis »…
- la préservation de
l'environnement, le développement durable, l'éthique...
Si ces critères sont remplis de façon
durable, il y a de grandes chances qu’il y ait une bonne motivation, un
bon management, une bonne organisation et de bonnes méthodes (même si
l’ensemble n’est pas parfait).
L’exception peut être un management
très coercitif, qui gère par la sanction, avec des contrôles omni-présents.
Mais cette situation se traduit généralement par une faible rentabilité ou
des problèmes de qualité, car le personnel profite de tous les « trous »
du système pour dévier.
Si, inversement, les critères ne sont
pas remplis, les causes peuvent être diverses (par exemple l’insuffisance
des moyens…) et il faut approfondir le diagnostic.
2.2
Les valeurs :
Les « valeurs » sont à la base de la
qualité : esprit de service et d’équipe, conscience professionnelle,
sérieux…
Elles ne se développent pas toutes
seules, même sous l’action d’un manager de valeur. Il est bon de les
approfondir en groupe, avec des animateurs.
Le management doit
toutefois les soutenir et en faire l’axe de son management, pour la
direction opérationnelle et la gestion des personnels (promotion des
meilleurs…).
L’évaluation externe repose sur les
résultats comme vu précédemment mais aussi sur la démarche interne pour
promouvoir et entretenir ces valeurs : stratégie de récompenses internes,
charte d’entreprise, groupes d’approfondissement, communication interne,
bilans périodiques…
2.3
Le suivi, les sondages et les audits réguliers :
Les phénomènes de démotivation sont
souvent sous-jacents et invisibles au début : des rumeurs, des injustices
dans les primes, des problèmes d’organisation, des conflits entre
personnes… peuvent entraîner des mouvements de masse « souterrains » qui
vont se traduire progressivement par une démotivation de plus en plus
grande, dont on s’apercevra trop tard, c’est-à-dire lorsqu’elle sera
solidement installée.
Trois méthodes permettent de les
détecter :
- Un suivi régulier de terrain : les managers
visitent régulièrement les implantations et discutent avec les
personnels sur le terrain. Les baisses de motivation se sentent (chaleur
de l’accueil, ouverture des discussions, revendications…)
- Des sondages réguliers : il est très utile
de faire régulièrement des enquêtes simples auprès du personnel (du
type : qu’est-ce qui va bien, qu’est-ce qui pourrait être amélioré). Ces
enquêtes doivent être réalisées par un cabinet extérieur de façon
confidentielle (seuls les résultats sont communiqués, sans mention des
auteurs). Elles sont complétées et précisées par des entretiens. Elles
permettent alors une analyse fine de la situation. Nous les pratiquons
couramment et elles sont extrêmement prolifiques (même dans les cas où
on a l’impression que tout va bien, elles permettent de détecter des
démotivations sous-jacentes qui perturbent les travaux et le
management). Elles permettent d’éliminer les idées fausses et
d’alimenter la démarche qualité en objectifs d’amélioration.
- Des audits réguliers : les audits sont
encore une méthode pour détecter à la fois les dysfonctionnements et les
démotivations. Il faut toutefois que ce soient des audits d’amélioration
et de dialogue, et non des audits de type ISO, c’est-à-dire de
conformité et de contrôle, car ceux-ci ne détecteraient rien ou bien de
façon erronée. La méthodologie est particulière et fait l’objet d’autres
guides sur le site.
Mener des
audits, notamment des activités à problèmes, permet d’éviter que les
situations ne s’aggravent et ne fassent boule de neige. C’est un excellent
moyen car ils permettent de rechercher les solutions avec les intéressés,
et donc de les impliquer et de les responsabiliser. Les audits permettent
en particulier d’approfondir les problèmes détectés par le suivi et les
enquêtes précédents.
3.
L’évaluation de la motivation pour la
démarche qualité :
3.1
Les résultats :
De même que précédemment, la
motivation pour la démarche qualité peut se mesurer à ses résultats :
- Nombre d’améliorations concrètes mises en place et
importance de celles-ci
- Nombre de suggestions
reçues et importance de celles-ci
- Taux de personnels
participant activement
- Taux de personnels opposés
(mais aucune démarche ne peut mobiliser tout le monde…)
3.2
Le suivi :
Le suivi, les sondages et audits
cités précédemment englobent naturellement la démarche qualité et
permettent de juger son déroulement et le soutien qu’elle reçoit.
4.
L’exploitation des évaluations précédentes
et les améliorations :
4.1
La démotivation pour la qualité, c’est-à-dire pour
le travail et pour l’entreprise :
C’est évidemment la plus grave. Les
solutions sont les suivantes :
•
Lutter contre les obstacles à la
motivation, en identifiant clairement ceux-ci (via les enquêtes
et audits cités précédemment) et en adoptant les mesures utiles. Le mieux
est de le faire en concertation avec le personnel et en réponse à ses
attentes (d’où l’efficacité des enquêtes et des audits). Les actions
correctives peuvent concerner les méthodes de management, l’organisation,
les moyens, la communication… Elles doivent être définies après un
diagnostic précis du problème.
•
Suivre, gérer et entretenir la
motivation : Il est essentiel de bien réaliser que la
motivation du personnel est le moteur principal de la réussite de
l’entreprise. Ne pas s’en occuper de façon précise condamne
inéluctablement à la voir fluctuer, voire se dégrader progressivement, ce
qui annonce des lendemains difficiles pour le management.
On
l’entretient à la fois en la suivant (comme décrit au § précédent) et en
la relançant régulièrement : nouveaux challenges, repas d’entreprise,
communication régulière sur l’entreprise…
4.2
La démotivation pour la démarche qualité :
La motivation pour la démarche
qualité est directement liée aux améliorations concrètes qu’elle apporte
aux individus.
Les sources de démotivation sont
fréquemment :
·
Les démarches théoriques de type « systèmes
de management », qui négligent la plupart des problèmes de terrain.
·
Les démarches en réalité tayloriennes :
renforcement des contrôles et des procédures, voire des sanctions.
Dans ces
cas, les personnels se désolidarisent de la démarche qualité et celle-ci
se juxtapose au fonctionnement normal. C’est le cas fréquent dans les
entreprises certifiées ISO.
La stratégie de motivation pour la
démarche qualité est simple :
•
Centrer la démarche sur les améliorations,
avec une approche de terrain, agir !
•
Agir de façon participative : il est bien
plus efficace de répondre à des attentes que d’imposer.
•
Éviter les approches formalistes et
théoriques, sans résultats évidents
•
Alterner les améliorations pour les
personnes et celles qui entraînent des contraintes
Les domaines de l’amélioration sont
généralement très vastes :
•
Vis-à-vis des clients : améliorations
concrètes des services et des relations, améliorations d’image…
•
Vis-à-vis des personnels : résolution des
gênes au travail
•
Vis-à-vis du centre : chasse au gaspi,
accroissements de productivité.
•
Vis-à-vis de la société : respect de la
réglementation, développement durable…
Méthodes recommandées :
•
Diagnostic fonctionnel initial puis groupes
de projet pour la mise en place des améliorations
•
Méthode participative d’analyse et de
résolution de problème
•
Approche processus participative
•
Audits d’amélioration
Par
Christian
DOUCET
En cas de reprise, merci de citer l’auteur.
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